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De la rue aux plus grands ateliers d’expositions dans le monde, Aboudia raconte son histoire dans sa peinture

Que ce soit dans les favelas de Rio de Janeiro, dans le Queens a New York ou à Abidjan en Côte d’Ivoire, les graffitis sur les murs dans les rues demeurent un moyen pour les jeunes issus de la classe ouvrière de s’exprimer et de faire savoir au monde qu’ils existent ; qu’ils méritent également une part d’attention.

 

Aboudia appartenant à cette jeunesse n’a pas fait exception à la règle : si ses peintures sont exposées dans les plus grands ateliers d’arts dans le monde aujourd’hui, c’est parce que chacune d’elle raconte une histoire.

 

De son vrai nom Abdoulaye Diarrassouba, né le 21 Octobre 1983 à Abidjan, Aboudia est un artiste peintre ivoirien mondialement connu.

 

Après avoir étudié au Centre des Arts Appliqués de Bingerville et obtenu son diplôme avec une spécialité en art mural en 2003, il se fait remarquer par sa manière originale de peindre, directement inspirée des graffitis réalisés par les jeunes sur les murs dans les rues d’Abidjan. Des graffitis particuliers pour une jeunesse particulière, parfois en manque de repères et en quête d’identité, on en retrouve presque dans toutes les communes d’Abidjan et plus particulièrement dans les communes de Treichville, Yopougon et Abobo.

 

Ces graffitis uniques pouvant comporter parfois des noms, voire des initiales, sont faits par des jeunes amoureux d’arts et de peinture, n’ayant pas de cadre où laisser s’exprimer pleinement leur talent. Cette méthode de peinture, débordante d’originalité inspire Aboudia, qui en fait sa spécialité.

 

Plus qu’un simple artiste, il est un artiste engagé. Il se sert de son art comme d’un miroir, et représente à travers ses peintures des scènes de la guerre civile qui a fait des milliers de morts dans son pays, conférant à son travail un contenu protestataire et révélateur des réalités de la société.

 

Ses peintures rappellent souvent les victimes de cette guerre, comme un moyen pour lui de leur rendre hommage et maintenir en vie leur histoire, à l’exemple de son œuvre « Djoly du Mogoba ». On peut y voir une armée d’enfants devant une toile rouge sang, et chaque enfant porte un fusil ou une autre arme comme une lance.

 

On retrouve par ailleurs dans ses œuvres, des peintures qui reflètent son histoire avec ses compagnons « Les môgôs » qui signifie en langue « Nouchi », un français argotique, les amis fidèles de tous les jours. Les môgôs d’Aboudia appartiennent à une jeunesse débrouillarde et solidaire.

 

En 2011 après la crise post-électorale, il bénéficie d’une notoriété internationale grâce aux photographies réalisées par Finbarr O’Reilly de Reuters, et ses œuvres sont exposées à la galerie Jack Bell à Londres en 2011 puis à la galerie Cécile Fakhoury en 2012 à Abidjan.

 

C’est le début d’un succès planétaire car depuis lors, les œuvres d’Aboudia n’ont cessé de voyager aux 4 coins du monde. Des expositions à la Saatchi Gallery à Londres ou au Nevada Art Museum à Reno, son travail est régulièrement présenté dans des galeries d’art contemporain à Abidjan, Dakar, Londres et New York, ainsi que dans les foires d’art contemporain à Londres, New-York, Marrakech ou Lagos.

 

De plasticien précaire dans les rues d’Abidjan aux plus grands ateliers d’expositions dans le monde, Aboudia est aujourd’hui le fer de lance d’une génération d’artistes peintres pétris de talent.

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