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Au nom du Christ, retour sur un classique du cinéma africain

Œuvre du réalisateur ivoirien Roger Gnoan M’Bala, passé par le conservatoire du cinéma français de 1966-1968, c’est en 1993 que sort Au nom du Christ, une fiction qui fait la satire des croyances irrationnelles proches du sectisme et ses conséquences néfastes sur une société africaine post-indépendance qui est encore en quête effrénée d’identité religieuse, entre foi chrétienne et pratiques occultes africaines.

Alcoolique notoire déconsidéré par l’ensemble de sa communauté, Gnamien Ato est un porcher vulgaire aux allures de fou qui mène une existence des plus ordinaires à Bali-Ahuekro, un petit village situé en Afrique de l’Ouest.

Ignoré par l’ensemble des villageois desquels il ne se soucie que très peu en retour, il n’a d’intérêt que pour ses verres d’alcool et ses promenades dans le village et dans les forêts environnantes.

Un jour alors qu’il se promenait saoul près de la rivière, il manque de justesse la noyade et parvient à sortir de l’eau. En ce moment précis lui vient une révélation, celle d’un « enfant de Dieu » qui l’aurait choisi entre tous pour sauver son peuple.

Il n’en faut pas plus pour faire de lui un nouvel homme, le cousin du Christ se dit-il, et se nomme désormais Magloire 1er. Sous le regard sceptique des villageois, il parvient à redonner la raison à la folle du village qu’il s’empresse aussitôt d’épouser. Les spectateurs éblouis, cet acte lui vaut de nombreux disciples qui se rallient à la cause, voyant en lui le prophète venu apporter grâce et bénédiction sur eux.

Mais la foi, si elle permet de déplacer des montagnes, ne peut faire d’un homme autre que ce qu’il est, un homme. Entre fourberie mesquine et convictions religieuses extrêmes, la fatalité a raison de lui lorsque ses croyances le poussent à se faire crucifier comme le Christ, par les mains de ses disciples sur sa propre recommandation.

Le film a été accueilli chaleureusement par les critiques, consolidant la position de Roger Gnoan M’Bala parmi les plus grands réalisateurs de son époque. Aujourd’hui, Au nom du Christ est un classique du cinéma africain qui a remporté de nombreuses distinctions :

Fespaco 1993 : Grand prix , Prix coopération française pour le cinéma 1993, Festival del film Locarno 1993 : Prix spécial de la jeunesse, Perugia 1994 : Grand prix, Milan 1994: Prix spécial du jury, Vues d’Afrique Montréal 1994 : Grand Prix, Durban International Film Festival 2002 et Black Movie (Genève) 2002.

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