Lucky Dube, une empreinte indélébile dans le monde du reggae
One Love, One Heart, Let’s get together & feel alright. Ces quelques mots, reconnaissables parmi tant d’autres de la célèbre chanson de Bob Marley « One Love » ont trouvé refuge dans le cœur de millions de personnes dans le monde, dont un jeune homme appelé Lucky, amoureux de musique et adepte des préceptes de vie du chanteur de la légende jamaïcaine.
Nous sommes le 03 août 1964 a Ermelo en Afrique du Sud et en ce jour, vient de naître un enfant que la mère décide d’appeler Lucky Philip Dube. Lucky qui signifie « chanceux » en anglais, et « Dube » qui signifie Zèbre en zoulou. Le choix d’un nom lourd de sens, pour un enfant qui a longtemps tardé à venir, la faute à une série de fausses couches qu’a connu sa mère.
Lucky grandit dans une atmosphère monoparentale avec son frère Joe, et découvre pendant son adolescence le mouvement rastafari, un mouvement social, culturel et spirituel qui s’est développé dans les années 1930, et qui a pour épicentre la Jamaïque, avec son genre musical le reggae qui connaît un succès planétaire notamment grâce à Bob Marley.
Le jeune Lucky voit en cette culture tout ce à quoi il a toujours aspiré, et décide d’y adhérer. Il commence alors à se conformer aux recommandations spirituelles de ce mouvement, à chanter le reggae, d’abord dans des dialectes locaux de sa langue maternelle Zoulou, puis profite de ses vacances scolaires pour enregistrer ses premières chansons à l’âge de 18 ans avec le groupe The Love Brothers. L’album Lucky Dube and The Supersoul, dont il est le chanteur principal, sort en 1982.
Deux ans plus, en 1984, il sort son deuxième album studio intitulé Rasta Never Die entièrement écrit et composé par ses soins, et c’est la consécration pour le natif de Ermelo. Le succès est retentissant, et tous les projecteurs du monde se tournent vers l’Afrique du Sud, où vient de se révéler au grand jour Lucky Dube.
A l’image de ses prédécesseurs tels que Bob Marley, il met sa musique au service du peuple et en fait un instrument de lutte contre les discriminations raciale et ethnique, contre la ségrégation et l’exclusion. Plus qu’une simple musique, elle devient la voix des sans voix, un miroir dans lequel de nombreuses personnes voient leurs reflets. Dans ses morceaux, il chante son enfance, son vécu, l’histoire de l’Afrique et l’histoire de l’Afrique du Sud, dénonce les problèmes socio-politiques et l’oppression que subissent les noirs dans son pays.
Il se produit avec des artistes phares de la musique tels que Michael Jackson, Céline Dion, Peter Gabriel, Sting et sur scène, il se fait toujours entourer de trois choristes, comme Bob Marley. Malgré l’immense succès qu’il rencontre, Lucky Dube ne déroge jamais à ses principes de vie. Il affirme croire en l’unicité de Dieu, ne pas fumer et ne pas toucher à l’alcool, tout en respectant les points de vue et la culture de chacun. Il dit : « Si être rasta, c’est d’avoir des dreadlocks, fumer de la ganja et se souler, alors je ne suis pas rasta. Je suis rasta, si être rasta c’est une conviction, une façon « saine » d’être. »
Lucky Dube n’a eu besoin que de 43 ans d’existence pour se hisser parmi les hommes qui ont le plus contribué à l’amélioration des conditions de vie des sud-africains, dans un pays en proie à l’apartheid et à la ségrégation raciale. En effet, le 18 octobre 2007 alors qu’il se trouve avec son fils de 16 ans et sa fille de 15 ans, il se fait tuer par balles au cours d’une tentative de vol de sa voiture à Rosettenville, dans la banlieue de Johannesburg.
Bouleversés par cette mort brutale, ses fans, ses proches et de nombreux artistes organisent un concert hommage le 24 octobre à Johannesburg.
Au cours de sa carrière, il remporte de nombreux prix. Aux Ghana Music Awards de 1996, il est l’« Artiste International de l’Année », et aux World Music Awards de Monte Carlo, Serious Reggae Business décroche une récompense pour l’« Album le mieux vendu ».
Aujourd’hui encore, Lucky Dube reste l’un des artistes reggae les plus écoutés en Afrique. Ses chansons telles que It’s No Easy, Prisoner, ou encore Nobody Can Stop Reggae sont devenus de véritables hymnes qu’on retrouve partout dans les capitales africaines, et même au-delà.
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