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Miriam Makeba ou la musique comme moyen de lutte

De son vrai nom Zenzile Makeba Qgwashu Nguvama, c’est le 04 Mars 1932 qu’elle voit le jour dans un quartier populaire de Johannesburg.

Son prénom « Zenzile » provient de Uzenzile qui signifie en Swati, une langue bantoue : « Tu ne peux t’en prendre qu’à toi-même ». Après que sa mère l’ait accouché seule sans l’aide de personne au milieu de la nuit, « Tu ne peux t’en prendre qu’à toi-même » était la première phrase qu’on lui ai dite après son accouchement, avant qu’elle ne perde connaissance.

A seulement quelques jours de naissance, elle passe 6 mois en prison avec sa mère, arrêtée pour avoir brassé de la bière afin de subvenir aux besoins de sa famille. A cette époque, il était formellement interdit aux personnes noires de consommer de l’alcool, encore moins d’en vendre.

Miriam passe son enfance loin de sa mère, travaillant comme domestique dans les grandes maisons des aristocrates. Le manque de proximité avec cette dernière qui ne venait la voir qu’une fois par mois la pousse à trouver refuge dans une activité à travers laquelle elle pourrait s’exprimer et ouvrir son cœur : la musique.

Au sein de son école, une chorale dont fait partie une aînée l’intéresse plus que tout. Avec ce groupe, Miriam peaufine sa technique et apprend à chanter en plusieurs dialectes.

L’avènement des années 1950 qui marque les débuts de l’Apartheid en Afrique du Sud est une période tout aussi importante pour la jeune fille. En effet, âgée maintenant d’une vingtaine d’année, elle s’est essayée à plusieurs métiers notamment laveuse de taxis, bonne d’enfants afin de pouvoir s’occuper de sa fille et aider sa mère avec qui elle vit désormais, reléguant sa carrière musicale au second plan par la même occasion.

Mais très vite, elle rebondit lorsqu’elle intègre le groupe Cuban Brothers qui lui permet de se faire remarquer. Ses belles performances avec ce groupe attisent la convoitise des plus grands musiciens sud-africains de l’époque dont le mythique groupe de Jazz des Manhattan Brothers. C’est au sein de ce groupe qu’elle se révèle au monde entier sous le nom de « Miriam », se bâtit progressivement une réputation qui bientôt dépasse les frontières de l’Afrique du Sud.

La décennie 1950-1960 sonne l’apogée d’un succès sans précédent pour la jeune artiste qui se produit dans les plus grandes salles du monde, en érigeant sa chanson culte Pata Pata, produite en 1956 comme la chanson africaine avec le plus grand succès jamais réalisé auparavant.

Au-delà de ses performances musicales, la portée de ses textes et son engagement à mettre fin aux disparités raciales sont salués.

En 1959, sa participation au film anti-Apartheid Come Back, Africa réalisé par Lionel Rogosin qui a été un franc succès a bouleversé la carrière de la vedette, qui s’est vue contrainte à l’exil par les autorités sud-africaines. Sa musique est boycottée, ses disques retirés de la vente en Afrique du Sud, et une interdiction de séjour est lancée à son adresse pendant qu’elle se trouve hors du pays. Elle est incapable d’assister aux funérailles de sa mère décédée en 1960.

Loin de s’effondrer, elle s’en sert comme d’une motivation supplémentaire pour crier son désarroi devant le monde entier. Elle ne manque aucune occasion de dénoncer la politique ségrégationniste qui sévit dans son pays.

Pendant son exil, elle séjourne aux Etats-Unis où elle se marie a Stokely Carmicheal membre influent du mouvement des Black Panthers en 1969.

Elle finit par voir ses années de lutte et de combat porter enfin ses fruits avec la libération des militants du Congrès National Africain (ANC) emprisonnés dans la pénitencier de Robben Island dont le célèbre Nelson Mandela, qui devient par la suite le premier président noir de l’Afrique du Sud.

Au cours de sa carrière, elle a réalisé de grandes performances dont celle d’avoir été la première sud-africaine à être primé aux Grammy Awards en 1966 avec son titre An Evening, en collaboration avec Harry Belafonte. En 1987, c’est au tour de l’album GraceLand de faire vibrer le monde.

Elle pose définitivement le micro le 09 Novembre 2008 à l’âge de 76 ans.

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