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Mariage traditionnel africain Les trois étapes essentielles de la dot en pays bamiléké

Photo : Kwekudee

En Afrique, il n’existe pas de mariage sans dot. Cette étape est fondamentale pour tout mariage qui se veut sérieux. La dot est donc ce rite qui crédibilise l’union entre l’homme et la femme. Au Cameroun, dans toutes les tribus du mboa, la dot tient une place de choix dans la célébration de tout mariage. Et chez les grassfield, dans la région de l’Ouest camerounais, elle obeit à 3 étapes qu’on ne saurait bafouer. Il s’agit du toquer porte ; des rites de la dot et de la bénédiction du Nganbaa.

Le toquer porte

C’est la première étape obligatoire d’un mariage coutumier. Généralement appelé ouverture de la voie, le toquer porte consiste à aller se renseigner sur la famille et chez qui aller remettre la dot. C’est une cérémonie qui ne nécessite pas trop de personnes. Le prétendant peut se rendre chez  sa future belle famille accompagné de  2 ou 4 personnes. Cette cérémonie peut même se dérouler chez le tuteur de la fille ou chez son oncle. Et c’est à lui de vous dire vers qui se tourner pour la suite. Lors de cette étape, la prise de parole est strictement prohibée aux femmes.

Rite de la dot ou dot proprement dit

Après la cérémonie de toquer porte, il est organisé une cérémonie officielle où le gendre rencontre la famille soit chez ses propres parents, dans le cas où le géniteur de la fille a payé sa dot. S’il se trouve que le père de la future mariée n’a pas encore versé la dot de la mère, cette cérémonie se tient strictement chez les grands parents. Car, si celui-ci prends cette dot, la tradition ne le laissera pas impuni.

Déroulement des cérémonies

Pendant la cérémonie, le prétendant et sa famille sont accueillis par les légitimés à la tâche ou leurs représentants. Et le chef de famille se concerte avec les autres membres et dresse une liste qui sera remise au représentant de la famille du marié. La liste est discutable. C’est à dire, la famille du gendre dispose de la possibilité de discuter certains points sur la liste. Seulement, cela ne se fait pas dans la salle.

Après les négociations, de retour dans la salle, le modérateur de la cérémonie lance les hostilités. Et d’office, vient l’étape de la sortie des filles déguisées. Un procédé au cours duquel on masque les filles pour évaluer la connaissance de l’époux vis à vis de sa future femme. Le but de cette phase est d’amener le représentant du futur marié à reconnaître la future fiancée de celui-ci.

Il revient alors à celui-ci de détecter la fiancée de son fils parmi les filles déguisées. Et cela se fait dans une ambiance et une animation conviviale. Par ailleurs, en cas d’échec du choix, il devra débourser un montant symbolique (transport) pour aller à nouveau à la recherche de celle – ci.

Après plusieurs tentatives, la fiancée est enfin trouvée et installée. Et les rites peuvent donc effectivement commencer. On fait boire le vin blanc aux fiancés avec une kola pour sceller l’alliance entre eux et les deux familles. On dit alors qu’ils ont bu le Kadi. Le symbole fort de l’union sacrée entre deux personnes qui ont décidé de cheminer ensemble. Aucune place n’est donnée à l’erreur. On ne doit pas choisir les mauvaises personnes au risque de rater les règles du mariage coutumier.

La Bénédiction du Nganbaa

Dans la tradition bamiléké, on mange une seule fois. Le lien de bénédiction ou du couper du cordon ne se fait pas deux fois dans la vie. Pour dire qu’ on ne revient pas dans la maison familiale une fois sortie de là. Sauf pour une balade de courtoisie.

Le Nganbaa dans ses bénédictions exhorte alors les ancêtres à benir cette union, afin que la patience, l’écoute et le pardon soient des mots d’ordre de celle-ci. Un papa qui organise 2 cérémonies de dot pour une même fille est taxé d’escrocs. Ainsi, une femme bamileké qui va en mariage  dans une autre tribu est tenue de suivre les us et coutumes de son mari. Elle a déjà épousé ce peuple et elle est appelée à marcher selon leur loi traditionnelle. Elle ne doit pas imposer ce qui se passe chez elle à son mari. D’ailleurs, si elle décède elle sera inhumée chez son époux.

La dote plus qu’un rite, est donc un vrai sacrement que nul n’a le droit de galvauder.

Thom Biakpa

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