Dulcie September – Une militante anti-apartheid assassinée pour son inflexibilité
Crédit Photo : Pierre Verdy.- AFP
Dulcie September aurait eu 89 ans en cette année 2024. Ce nom dont la simple évocation renvoie inéluctablement à la lutte anti-apartheid en Afrique du Sud, a été réduit au silence éternel, le 29 mars 1988 à Paris à 52 ans. La représentante de l’ANC en France, a été froidement abattue par des lâches, alors qu’elle regagnait ses bureaux. Elle a reçu cinq balles tirées à bout portant de face et une dans la nuque.
Cette militante anti-apartheid, née en 1935 et originaire des banlieux métisses du Cap, avait lutté dès son plus jeune âge pour la libération de son pays l’Afrique du Sud, qu’elle avait quitté en 1973 pour échapper à la police de l’arpatheid qui voulait l’emprisonner.
Travailleuse, intègre et incorruptible, Dulcie September pensait pouvoir continuer en toute liberté son combat contre la ségrégation raciale en France, un pays de liberté et des droits de l’homme où elle s’est réfugiée en 1983. Mais cinq ans après, elle est exécutée.
Inflexible et déterminée, elle a consacré toute son énergie à lutter contre le régime raciste de Pretoria. Elle dénonçait notamment le non-respect par certaines entreprises françaises de l’embargo international sur les ventes d’armes et la coopération nucléaire avec l’Afrique du Sud. Dulcie September était devenue très gênante et il fallait absolument lui faire taire à jamais.
Si l’arme qui a servi à ôter la vie à Dulcie September est connue, ( un calibre 22 équipé d’un silencieux), on ne saura jamais l’identité de celui qui l’a utilisée pour commettre ce crime odieux. D’ailleurs, l’enquête judiciaire avait débouché sur un non-lieu en juillet 1992. Dans son compte rendu général d’enquête, la Brigade criminelle écrivait « Cette action s’inscrit, semble-t-il, dans une vaste entreprise d’élimination des responsables de l’ANC African National Congress (Congrès national africain) parti politique de Nelson Mandela au niveau européen et fait suite à des attentats ou projets d’attentat contre les dirigeants de l’ANC à Londres et à Bruxelles ».
Le régime sud-africain de l’époque avait alors nié toute responsabilité. Devant la Commission Vérité et Réconciliation, Eugene de Kock, le commandant d’une unité de contre-insurrection de la police sud-africaine, avait pourtant reconnu en 1998 avoir commandité le meurtre de Dulcie September à deux mercenaires français, Jean-Paul Guerrier et Richard Rouget, proches de Bob Denard. Mais jamais, ils n’ont été inquiètés.
D’ailleurs, on apprendra plus tard que Richard Rouget dit » Colonel Sanders » était un agent double. Il travaillait aussi bien pour les services sud-africains que français.
Il est donc évident que derrière l’assassinat de Dulcie September se dessine un véritable polar géopolitique, où l’argent et le cynisme font la loi. Le 29.mars prochain, le monde entier se souviendra encore de cette dame assassinée pour son combat pour la liberté de l’homme noir dans son pays.
Thom Biakpa
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