
FESPACO 2025 : Roger Gnoan M’Bala, figure emblématique du cinéma africainimmortalisé à Ouagadougou
La statue de Roger Gnoan M’Bala dévoilée dimanche à Ouagadougou/ AP
La 29ᵉ édition du Festival Panafricain du Cinéma et de la Télévision de Ouagadougou (Fespaco) s’ouvre sur une note poignante, avec la projection de 235 films qui offrent un large panorama du cinéma africain. Cet événement, qui se déroule jusqu’au 1er mars, met en lumière non seulement les œuvres contemporaines, mais aussi les luttes et les histoires souvent occultées du passé.
Un moment fort de cette édition a été le rituel de la « Libération », qui a rendu hommage à Roger Gnoan M’Bala, un cinéaste ivoirien dont l’œuvre a profondément marqué le paysage cinématographique africain. M’Bala, décédé en 2023, est surtout connu pour son film « Adangamman », sorti en 2000, qui aborde un sujet délicat et rarement traité : la complicité des royaumes africains dans la traite négrière. Dans une déclaration à la presse spécialisée, il avait souligné que « l’esclavage s’exerçait déjà dans les royaumes africains quand les négriers européens sont venus exploiter la complicité de ces rois africains. Cela reste une grande honte pour les Africains, souvent occultée par les griots et les grands récits ». Son audace a permis de mettre en lumière un passé trop longtemps tu, ouvrant ainsi la voie à une réflexion nécessaire sur l’identité et l’histoire du continent.
En reconnaissance de son apport au cinéma, une statue de Roger Gnoan M’Bala a été dévoilée dimanche à Ouagadougou, rejoignant ainsi d’autres figures emblématiques du cinéma africain, telles que le Sénégalais Ousmane Sembène et le Burkinabè Idrissa Ouédraogo. Le ministre burkinabè de la Culture, Gilbert Ouédraogo, a salué l’héritage de M’Bala, affirmant : « Il a contribué à former des générations de réalisateurs et de cinéastes. Nous saluons aujourd’hui sa mémoire et, au-delà de lui, celle de tous les cinéastes. »
Le rituel de la « Libération », qui se déroule traditionnellement au deuxième jour du festival, a vu les festivaliers participer à une procession quasi religieuse autour du monument dédié aux cinéastes, se recueillant en mémoire de ceux qui ont marqué le cinéma du continent. David M’Bala, le fils du défunt cinéaste, a exprimé sa fierté et son émotion face à cette reconnaissance : « Mon père a beaucoup donné au cinéma africain. Je pense qu’aujourd’hui il y a une reconnaissance pour lui, pour sa famille, et pour moi, c’est la postérité. »
Le Fespaco 2025, en rendant hommage à Roger Gnoan M’Bala, souligne l’importance de la mémoire collective et de la responsabilité des artistes dans la narration de l’histoire africaine. Cet événement constitue une plateforme essentielle pour célébrer les réalisations passées tout en ouvrant la voie à un avenir prometteur pour le cinéma africain.
Thom Biakpa
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