
Sami Tchak et Ananda Devi : Une complicité littéraire au service de la création
L’écrivain et essayiste Sami Tcha/ Paris, octobre 2017
Le romancier franco-togolais Sami Tchak dévoile dans son nouvel ouvrage, Profaner Ananda, une exploration tendre et fantasmatique de sa relation littéraire avec l’écrivaine mauricienne Ananda Devi. Publié dans la collection Continents noirs des éditions Gallimard, ce livre, coécrit avec la romancière Annie Ferret, célèbre une amitié de vingt ans, tissée à travers des échanges, des correspondances et des réflexions communes sur la littérature et la vie.
Une célébration masquée
Intitulé de manière provocante “Profaner Ananda”, le livre pourrait prêter à confusion. Sami Tchak répond à cette interrogation en affirmant que la profanation, dans ce contexte, est un acte de respect. “Pour profaner, il faut d’abord considérer que le temple ou la personne est sacrée”, explique-t-il. Ananda Devi, par son œuvre, a atteint une puissance littéraire qui mérite d’être reconnue. Le projet de Tchak et Ferret vise à engager un dialogue sur la nature et la qualité de son œuvre, tout en contribuant à la construction du mythe Ananda.
La genèse du projet
L’idée de ce livre a émergé d’une proposition faite à Annie Ferret par une revue universitaire américaine, qui souhaitait un texte sur Ananda Devi. Tchak, déjà en train de travailler sur un projet similaire, a eu l’idée de fusionner leurs efforts. Ce processus créatif a été enrichi lors d’une résidence d’écriture à la Villa Salaambô à Tunis, où le livre a pris forme. En intégrant de nombreuses citations d’Ananda, le texte devient un véritable hommage à son œuvre.
Une rencontre fondée sur l’admiration
Sami Tchak évoque sa rencontre avec Ananda Devi, qui a d’abord eu lieu à travers ses écrits. Depuis la publication de Moi, l’interdite en 2000, Tchak a été captivé par son univers littéraire. Leur relation s’est intensifiée au fil des ans, avec des échanges réguliers sur la littérature et des conseils précieux de Devi, qui a influencé l’écriture de Tchak.
Une amitié au-delà de la littérature
Pour Tchak, leur relation dépasse le cadre littéraire. Il parle d’une “amitié tout court”, où la complicité se manifeste dans la recherche de sens à travers les mots d’Ananda. Il se décrit comme un lecteur attentif, cherchant à comprendre l’auteure derrière chaque phrase, à imaginer ses pensées et ses émotions au moment de l’écriture.
Un dialogue sur la littérature africaine
Profaner Ananda ne se limite pas à l’hommage à Devi ; il s’agit également d’une réflexion sur le parcours d’écrivain de Tchak et sur la littérature africaine. Il souligne l’importance d’une éducation littéraire enrichie, qui inclurait des œuvres du monde entier, et critique le manque de diversité dans les programmes scolaires africains. Tchak exprime sa gratitude d’avoir eu accès à une variété d’auteurs, citant Dostoïevski comme une influence majeure dans sa compréhension de la littérature.
À travers Profaner Ananda, Sami Tchak et Annie Ferret offrent une œuvre qui célèbre non seulement Ananda Devi, mais aussi la richesse des échanges littéraires et des amitiés qui nourrissent la création. Ce livre est un témoignage de la puissance de la littérature pour transcender les frontières et créer des liens profonds entre les écrivains, tout en invitant les lecteurs à explorer les complexités de l’humanité à travers les mots.
Thom Biakpa
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