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La Rumba Congolaise : De ses origines à son inscription au Patrimoine Immatériel de l’Humanité de l’UNESCO

Papa Wemba, l’une des légendes de la Rumba Congolaise / Photo: Arts.cd

La Rumba Congolaise a été officiellement inscrite au Patrimoine culturel immatériel de l’humanité de l’UNESCO, le 14 décembre 2021. Cette décision, prise lors d’une réunion consacrée à l’examen d’une soixantaine de candidatures, marque une nouvelle étape dans l’histoire riche et complexe de cette musique emblématique, présentée conjointement par la République démocratique du Congo et le Congo-Brazzaville.

Les racines de la Rumba se situent dans l’ancien royaume Kongo, sur la côte ouest de l’Afrique centrale, où, il y a près de 500 ans, une danse nommée Nkumba, connue aujourd’hui sous le nom de « collé-serré », était pratiquée. Avec la traite négrière au XVe siècle, les Africains ont emporté leur culture et leur musique vers les Amériques, où ils ont fabriqué des instruments de plus en plus sophistiqués. Ce style musical a ensuite fait son retour en Afrique, enrichi par les influences des cultures rencontrées.

L’inscription de la Rumba au patrimoine mondial est un moment historique, car elle évoque des thèmes profonds tels que l’esclavage, les luttes politiques et la quête d’identité. La musique a accompagné les luttes pour la dignité et l’indépendance politique dans les années 60, portant avec elle un ensemble de valeurs et de mémoires qui transcendent l’esthétique et l’émotion. La reconnaissance par la communauté internationale de cette richesse culturelle est un pas important pour les deux pays.

Dans sa version moderne, la Rumba a moins d’un siècle. Elle est issue de la rumba cubaine des années 1930 et a pris son essor dans les années 1940. Depuis, elle a évolué et a été célébrée par de nombreux artistes emblématiques tels que Tabu Ley Rochereau, Papa Wembaet Grand Kallé. Aujourd’hui, cette inscription au patrimoine mondial est perçue comme une opportunité de donner à la rumba une notoriété renouvelée, y compris auprès des Congolais eux-mêmes.

Sam Mangwana, l’une des légendes de la Rumba Congolaise, témoigne de son parcours musical. À 76 ans, il revient en Europe avec un nouvel album, Lubamba. Dans une récente interview, il a partagé comment il a découvert la rumba à l’âge de 8 ans à Kinshasa, grâce à un système de lance-voix mis en place par l’administration belge. Ce système lui a permis d’écouter des artistes variés, dont Joseph Kabasellé, un précurseur de la rumba moderne.

« C’est comme ça que la Rumba m’est tombée dans les oreilles », raconte-t-il, évoquant son enfance et son chemin vers la musique. Mangwana, issu de la génération qui a vu naître la rumba moderne, s’efforce de perpétuer le style créé dans les années 1950, tout en rendant hommage à ses influences.

La Rumba Congolaise, avec son histoire riche et ses valeurs profondes, continue d’évoluer et de toucher les cœurs, tant en Afrique qu’à l’international. Son inscription au Patrimoine culturel immatériel de l’humanité est une célébration de son héritage et de son impact durable sur la culture mondiale.

Thom Biakpa

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