A la découverte de « l’Atonvlê » ou le rituel de purification de la jeune fille chez les baoulé
La cérémonie de l’antonvlê, revêt une importance capitale au plan traditionnel, culturel et social / Photo: rezo ivoire
Chez les baoulé Sakiaré ou Landjira de la région du N’zi, au centre de la Côte d’Ivoire, la jeune fille pubère doit passer par l’«Atonvlê », un rituel de purification selon les us et coutumes des peuples akan qui consacre sa féminité, période avant laquelle tout acte sexuel lui est interdit, de peur de déshonorer sa famille par une grossesse. Aujourd’hui encore, dans plusieurs localités du royaume baoulé, ce rituel continue de résister à l’usure du temps. C’est le cas à Tanohakakro dans le département de Dimbokro.
« Chaque année, en période de saison sèche, à l’approche des fêtes de noël, de nouvel an ou à pâques, les jeunes filles doivent subir l’Atonvlè, c’est une cérémonie du lavage, de purification », a confié Nanan N’gahi Pindrin, un garant de la tradition dans ce petit village baoulé.
Il a fait remarquer que dans certaines localités, les parents, lorsqu’ils veulent procéder à cerituel, consultent les oracles pour savoir s’il faut verser de l’eau ou jeter un morceau de pagne sur la jeune fille. « C’est après cette étape que les parents avisent le chef du village pour l’organisation de la cérémonie. Le jour décidé, la dame chargée du rituel se rend très tôt chez les parents de la jeune fille », a-t-il indiqué.
Au premier chant du coq, les jeunes filles sont réveillées par des vieilles femmes qui les aspergent d’eau initialement conservée pour la circonstance, tout en prononçant les paroles suivantes. « Tes parents te donnent l’autorisation dès aujourd’hui pour aller avec l’homme de ton choix ». Elles sont ensuite conduites, de gré ou de force, dans la douche par l’une de ces vielles femmes, mère de nombreux enfants pour un bain, a expliqué le chef coutumier, précisant qu’au temps ancien la jeune fille devait pleurer lorsqu’on lui jette l’eau sinon elle était battue jusqu’aux larmes.
Après cette toilette, les jeunes filles sont parées de pagnes de valeur, pour être célébrées par le village et les amies. Chants et danses sont organisés en leur honneur, elles qui viennent ainsi d’obtenir l’autorisation d’avoir des rapports sexuels, sans risque d’être bannies. A plusieurs reprises, durant la cérémonie, elles font la pédicure, la manucure, le maquillage des jeunes filles et les habillent.
Sans ce rituel, elles n’ont pas droit aux rapports sexuels au risque de tomber enceinte et engendrer un enfant qui ne sera jamais admis dans le village. « Une fille qui tombe en grossesse sans avoir été lavée, ne peut rentrer dans le village. Ni elle ni son enfant. Pire, cet enfant ne sera jamais reconnu dans le village » fait savoir une laveuse.
Selon les anciens, autrefois, le fruit d’un tel comportement était tué, pour éviter d’attirer le malheur dans le village. Et la fille « indigne » était obligée de subir la cérémonie de lavage avant de rentrer dans le village après réparation par les familles de la fille et de l’amant, auteur de la grossesse.
Le chef de tribu qui a dénoncé le comportement des jeunes filles actuelles qui, selon lui, s’adonnent à la légèreté en prenant des grossesses précoces, a affirmé que les auteurs de ce crime contre la tradition doivent s’acquitter d’une amende composée d’un mouton, d’un cabri, de 20 litres de vin de palme, de deux poulets, d’un casier de vin et d’une bouteille de Gin.
« Le corps de la jeune fille doit être préservé et comprenez que ce rituel qui fait partie de nos us et coutume permettait de lutter contre les grossesses précoces et dénotait de la bonne éducation des parents », a relevé Nanan N’gahi Pindrin.
Il a insisté sur le fait que la femme, racine de tous les peuples, doit être sécurisée et protégée. « C’est pourquoi, elle doit préserver son corps et ne pas enfanter alors qu’elle n’a pas atteint l’âge de la majorité requise », a-t-il conseillé, ajoutant que le respect du rituel de l’Atonvlè est important pour une jeune fille qui veut éviter la honte à sa famille et être la risée des habitants.
Cette abomination, Marina et sa famille ne connaîtront pas. La jeune fille vient de passer haut les mains son test de passage dans le cercle des femmes. Le torse nu, enduit de kaolin en signe de pureté, montrant des seins pointus, elle s’expose avec fierté à la convoitise des jeunes et même des adultes qui, de temps à autre, lui jettent, du coin de l’œil, un regard rapide. Juste à ses côtés, un enfant est assis pour attirer la fécondité.
La jeune fille est la première à déguster les arachides et le maïs grillés pour la cérémonie. Un poulet lui est offert et du vin de palme sont donnés à la dame qui a procédé au rituel.
Marina remercie ces géniteurs de lui avoir permis d’avoir son quitus sexuel avec honneur. Car désormais femme avec des rondeurs à faire pâlir plus d’un, elle est l’objet de toutes les convoitises. Toute la nuit, a tonné le tambour parleur pour rendre hommage à la charmante Marina et ses camarades qui entament ainsi un nouveau cycle, auréolées de tous les honneurs et entourées des populations qui sont à leurs petits soins.
Thom Biakpa
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