Côte d’Ivoire: Mariam Dickoh Konan, la chimiste figurant sur la pièce de 25 FCFA est décédée
Mariam Dickoh Konan a marqué son épouse et sa génération / Photo: wikipédia
L’évocation de son nom à première vue peut laisser indifférent. Et pourtant, Mariam Dicoh Konan s’est retrouvée un nombre incalculable de fois dans les portes-monnaies, les poches et les paumes de millions de personnes.
Mariam Dickoh Konan, en effet, c’est cette dame qui a son effigie estampillée sur la pièce de 25 FCFA avec en main une burette de chimiste, depuis 1981. Elle a malheureusement tiré sa révérence, mardi 4 juin dernier. à l’âge de 80 ans.
Première femme chimiste de Côte d’Ivoire, Mariam Dickoh Konan au début des années 1960, une époque où les jeunes femmes se dirigeaient massivement vers la formation de sage-femme ou de secrétaire, était l’une des rares à faire son entrée à la section chimie, nouvellement ouverte au Lycée Technique d’Abidjan.
Cette année là, elles ne sont que deux jeunes femmes dans cette section et cela bien évidemment, n’a pas laissé indifférents leurs condisciples du sexe masculin.
C’est d’ailleurs dans ce lycée d’excellence à l’époque, que son histoire avec la pièce de 25 FCFA a commencé. Alors qu’elle est en pleine activité dans le laboratoire en train de manipuler une éprouvette, elle est prise en photo. Et c’est cette photo qui se retrouvera en 1981 sur la pièce de monnaie de la Banque Centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO).
Pour Jean-Noël Loukou, historien, le fait que le visage de Mariam Dickoh Konan se retrouve sur une pièce de la BCEAO, traduit le symbole de la femme de valeur qu’elle a été. Mais au-delà, c’est un hommage à toutes ces femmes africaines et notamment ivoiriennes qui ont marqué leur époque.
« Le premier symbole est l’hommage aux femmes africaines. Soit à celles qui ont contribué à la lutte anticoloniale, comme Marie Koré, soit celles qui se sont investies dans la science comme Mariam Dicoh. Le 2e symbole est d’encourager les femmes à s’intéresser au domaine scientifique et technique. Il faut des modèles inspirants et je pense qu’elle en était un », explique-t-il.
Pour son fils Jean-Luc Konan, elle était un modèle avant tout. « Pour vous résumer un petit peu la grandeur du personnage, sur l’anecdote de cette pièce de 25 francs CFA, on n’était pas au courant. Certaines personnes, certains avocats sont venus dire « mais dis donc Madame, on ne vous a pas demandé le droit à l’image ? Vous pouvez attaquer aujourd’hui la Banque centrale et demander des dommages et intérêts ». Elle a répondu tout court « c’est un honneur pour moi que de représenter le pays et l’Afrique sur cette pièce, jamais, je ne ferai une chose pareille ». C’est pour vous dire qui elle est comme personnage », témoigne son fils.
A l’image de la pièce de 25 francs CFA de plus en plus rare dans les milieux commerciaux, des femmes inspirantes et bourrées de valeurs comme Mariam Dickoh Konan, on n’en trouve rarement.
La Côte d’Ivoire perd ainsi une étoile. Fasse Dieu que son âme repose en paix !
Thom Biakpa
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