Côte d’Ivoire : Monné Bou, le père de la peinture par jet s’est éteint
L’artiste-peintre Monné Bou, a tiré sa révérence / Photo: Getty Images
La Côte d’Ivoire a perdu l’un de ses plus grands artistes contemporains, Monné Bou, qui s’est éteint le dimanche 17 novembre à l’âge de 80 ans. Reconnu comme un véritable pionnier de l’art, il a laissé une empreinte indélébile sur de nombreux plasticiens ivoiriens. Ses œuvres ont été exposées à travers le monde, notamment à São Paulo au Brésil, au Nigeria, en France et aux États-Unis.
Né à Anyama Zossonkoi, Monné Bou a d’abord étudié à l’École normale d’Abidjan avant de se spécialiser dans les Beaux-Arts, d’abord à Abidjan puis à Marseille. Ses débuts artistiques remontent à 1973, et il a depuis développé une technique unique : la peinture par jet. Contrairement à de nombreux artistes, Monné Bou ne réalisait pas d’esquisses préalables. Il se tenait debout, à distance de sa toile, et projetait la peinture sans jamais la toucher. Chaque éclaboussure formait des pointillés, créant ainsi des portraits de femmes, d’enfants et des scènes de vie vibrantes.
Lors d’une exposition marquant ses 50 ans de carrière, en mars dernier, Monné Bou a partagéune dimension spirituelle de sa démarche artistique. « La peinture par jet, je l’ai conçue à l’université de Luminy à Marseille. Mon professeur Jacques Busse était émerveillé et m’a dit : ‘C’est incroyable, c’est mystérieux !’ J’utilisais de l’encre de Chine, en restant à distance pour réaliser mes croquis. En Afrique, lorsque les esprits sont malveillants, on mélange le kaolin et on asperge. Nous ne créons pas d’images, mais nous aspergeons pour chasser les mauvais esprits », expliquait-il avec passion.
Cette technique novatrice a profondément influencé ses élèves, notamment de jeunes artistesivoiriens tels que Zopapi et Isidore Koffi, qui se revendique comme un « tachiste ».
Affaibli par la maladie, Monné Bou s’était retiré dans son atelier situé dans le département d’Adiaké, au sud-est de la Côte d’Ivoire, où il continuait de peindre jusqu’à son dernier souffle. Sa contribution à l’art contemporain et son héritage artistique demeureront gravés dans les mémoires et continueront d’inspirer les générations futures.
Thom Biakpa
Post a comment