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Georges Niangoran Bouah ~ scientifique émérite et père fondateur de la « Drummologie »

Georges Niangoran Bouah. Ce nom vous dit-il quelque chose ? Peut-être que si.

Anthropologue et musicologue, il est le fondateur de la « Drummologie », étude des sociétés traditionnelles à travers le langage du tambour. On pourrait également la définir comme la science de la mémoire sonore africaine. Mais toutes ces définitions se rejoignent en un point : leur complexité.

Le terme « Drummologie », qui se compose de « Drum » ( qui signifie en anglais, tambour) et de « logos » (qui en grec désigne l’étude ou la science) est le fruit de la réflexion de cet éminent personnage, une réflexion en parfaite symbiose avec le monde qui l’entoure et à l’image de la culture africaine.

Historiquement, le tambour ne peut être dissocié de l’histoire des sociétés ouest africaines en général et plus particulièrement dans la culture des peuples Ebrié, Baoulé, Agni, Abouré qui vivent principalement en Côte d’Ivoire. Dans sa dimension scientifique, la Drummologie selon le professeur Niangoran Bouah n’est pas limité qu’aux tambours mais englobe tous les instruments parleurs tels que le balafon, le cor d’appel, la flûte et l’arc musical.

Ces instruments présents dans la culture africaine depuis la nuit des temps ne sont pas seulement des instruments de musique, mais participent activement à la vie sociale et politique depuis des générations. Ils sont une langue, transmise de génération en génération, qui véhicule la parole des ancêtres fondateurs, l’histoire des peuples, les codes sociaux etc.

La relative fiabilité des sources telles que les récits des grands maîtres de l’oralité, toujours sujette à variation et à subjectivité a donné une envergure de poids aux textes tambourinés qui contrairement aux récits des griots, reproduisent fidèlement le même texte avec les mêmes mots, les mêmes sons. Il apparaît dès lors comme un instrument fiable pour les chercheurs et les scientifiques dans la quête de la vérité et de l’étude de la civilisation africaine précoloniale.

Au départ pourtant, rien ne présageait un tel avenir à Monsieur Georges Niangoran Bouah. Si des doutes persistent quant à son année de naissance (des sources indiquent 1935, d’autres 1928), son parcours quant à lui, d’abord entamé en Côte d’Ivoire avant la France n’a pas été des plus aisés. D’abord élève à Moossou puis Abidjan, à la suite d’un malentendu entre lui et un professeur, le jeune Niangoran se voit accusé d’indiscipline et renvoyé du lycée. Il entreprend alors de travailler et fait tous les petits boulots qu’il trouve : cordonnier, ensuite aide-comptable et magasinier. Grâce à ses petits métiers, il réussit à économiser une petite fortune et se rend à Paris en 1953.

Arrivé en France avec pour objectif d’être un commis de greffe au parquet, Georges Niangoran change d’orientation quelques années plus tard lorsqu’il assiste aux conférences de M. André Ribard, un haut fonctionnaire Français qui faisait régulièrement des conférences philosophiques, politiques et historiques. C’est au contact de cet homme que Georges Niangoran Bouah a développé une passion pour la recherche scientifique. « [je me suis dit] Au lieu d’aller faire des études de droit… il faut que tu connaisses l’Afrique, il faut que tu connaisses les habitudes de vie de ton pays, de ton continent ».

C’est ainsi qu’ il obtient en 1957 le diplôme de l’EPHE, puis quelques années plus tard en 1959, travaille comme assistant de recherche sous la tutelle de Denise Paulme au musée de l’homme. Il est par ailleurs le premier Ivoirien à soutenir sa thèse de troisième cycle sur la Division du Temps et le Calendrier Rituel des Peuples Lagunaires de Côte d’Ivoire en 1964, également premier docteur d’Etat des Lettres à l’Université Paris X Nanterre dans le département d’ethnologie.

Il est en outre l’auteur de plusieurs œuvres de recherches dont les plus importants sont : Introduction à la drummologie Volume 1 publié en 1981 et le volume 2 publié en 2001.

Il a occupé des fonctions de directeur du Musée des Civilisations de Côte d’Ivoire et de directeur du département scientifique des lettres, arts, de musique de l’université d’Abidjan.

A sa mort survenue en 2002, Georges Niangoran Bouah s’est hissé parmi l’élite des intellectuels africains en nous léguant en guise d’héritage une encyclopédie de recherche sur le langage des instruments.

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