Île de Gorée : Un sanctuaire de mémoire et de réconciliation
Photo: UNESCO
Nichée au large des côtes sénégalaises, face à Dakar, l’île de Gorée a été, du XVe au XIXe siècle, le plus grand centre de commerce d’esclaves de la côte africaine. Sous l’influence successive des puissances coloniales portugaise, néerlandaise, anglaise et française, son architecture se distingue par un contraste saisissant entre les sombres quartiers où vivaient les esclaves et les élégantes demeures des marchands d’esclaves. Aujourd’hui, Gorée demeure un symbole poignant de l’exploitation humaine et un sanctuaire dédié à la réconciliation.
L’île de Gorée est le témoin d’une expérience humaine tragique et sans précédent dans l’histoire des peuples. Surnommée « île mémoire », elle incarne pour la conscience collective mondiale le symbole de la traite négrière, avec son cortège de souffrances, de larmes et de morts. S’étendant sur une superficie de 28 hectares et située à seulement 3,5 km de Dakar, Gorée cristallise les douloureuses mémoires de la traite atlantique.
Ce destin singulier est en grande partie dû à sa position géographique stratégique, qui la place au carrefour des échanges entre le Nord et le Sud. Son excellent abri naturel pour le mouillage des navires lui a valu le nom de « Good Rade ». Depuis le XVe siècle, Gorée a été un enjeu de rivalité entre diverses nations européennes, qui l’ont utilisée tantôt comme escale, tantôt comme marché d’esclaves. En tant que premier point d’aboutissement des « homéoducs » qui acheminaient les esclaves de l’arrière-pays, l’île a été au cœur des luttes pour le contrôle de la traite négrière.
Jusqu’à l’abolition de cette pratique dans les colonies françaises, Gorée a abrité plus d’une dizaine d’esclaveries, devenant ainsi un entrepôt tragique de vies humaines. Parmi les éléments tangibles qui témoignent de la valeur universelle de Gorée, on trouve le Castel, un plateau rocheux fortifié qui domine l’île, ainsi que le Relais de l’Espadon, ancienne résidence du gouverneur français.
Aujourd’hui, l’île de Gorée est devenue un lieu de pèlerinage pour la diaspora africaine, un point de rencontre entre l’Occident et l’Afrique, et un espace d’échanges culturels où se confrontent les idéaux de réconciliation et de pardon.
L’île de Gorée offre un témoignage exceptionnel sur l’une des plus grandes tragédies de l’histoire humaine : la traite négrière. Les différentes structures de cette « île mémoire » forts, bâtiments, rues et places, racontent chacune à leur manière l’histoire de Gorée, qui a été le principal centre de commerce d’esclaves sur la côte africaine pendant plusieurs siècles.
Intégrité
Le caractère insulaire de Gorée, associé à un ensemble de textes juridiques, contribue à la préservation de l’intégrité physique du site. L’océan Atlantique forme une zone tampon naturelle d’environ 4 km, protégeant ainsi l’île des influences extérieures.
Authenticité
Classée site historique par l’administration coloniale en 1944, Gorée a bénéficié de mesures de sauvegarde spécifiques en 1951. Depuis lors, aucune construction majeure n’a été réalisée, préservant l’authenticité du site, qui demeure presque intact dans ses éléments les plus significatifs. Les travaux de réhabilitation et de restauration ont été effectués dans le respect des principes de la Convention.
Besoins en matière de protection et de gestion
L’île de Gorée a été classée site historique en 1944, suivie de mesures de sauvegarde en 1951. Elle a été inscrite sur la liste du patrimoine national en 1975 (Arrêté N°012771 du 17 novembre 1975) et sur celle du patrimoine mondial en 1978. Un Comité de sauvegarde a été établi en 1979, regroupant toutes les parties prenantes, pour veiller au respect de la Convention, notamment en ce qui concerne la conformité des travaux de réhabilitation et la sécurité du site. La nomination d’un gestionnaire pour le site est en cours d’adoption.
Cependant, la réplique du « Mémorial de Gorée » sur le Castel illustre ce qu’il ne faut pas faire pour préserver l’intégrité du site. En accord avec l’UNESCO, il a été convenu de procéder à la requalification de cet ouvrage, soulignant ainsi l’importance d’une gestion réfléchie et respectueuse de ce patrimoine inestimable.
Thom Biakpa
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