Libula

Le Ballon d’Or

Le « turbo » : c’est ainsi qu’il est appelé à Makono, un petit village constitué de cases, perdu au milieu de la forêt située au sud-ouest de Nafadji et à l’ouest de Finabala en Guinée.

Badian, seulement âgé de 12 ans et mesurant moins de 1m 50 est un jeune garçon passionné de football qui passe la majeure partie de son temps à y jouer, le torse et les pieds nus, avec des ballons fabriqués par lui-même à partir de rien en parcourant tout le village.

Son rêve c’est de pouvoir un jour porter un maillot, et taper dans un vrai ballon de foot avec des crampons au milieu d’une foule qui scande son nom partout. Désireux de s’offrir un ballon, il commence à se constituer une cagnotte en vendant du bois mort. Il confie l’argent qu’il gagne de ses petites activités à Mme Aspirine, Isabelle de son vrai nom, une doctoresse occidentale, de chez médecins sans frontières, qui lui montre une affection particulière.

Celle-ci finit par lui offrir un ballon de foot en cuir à son grand bonheur mais très vite, il s’attire des ennuis dans tout le village au point d’être obligé de le quitter pour avoir blessé un notable. Direction Conakry la capitale pour rejoindre sa grande sœur Fanta, qu’il aide les premières semaines dans son travail de fabrication de cadeaux.

Dans son nouveau lieu de travail, Badian peine à se faire respecter par les autres enfants qui le traitent de paysan et lui cherchent constamment des embrouilles. Il parvient néanmoins à se faire un ami, en la personne de Bouba, un jeune nain de 20 ans qui prend le jeune talentueux comme son petit frère.

Un jour, il fait entrer Badian frauduleusement dans un stade de foot pour assister à une rencontre entre deux équipes professionnelles. Perché sur le toit d’une tribune avec ses amis, Badian récupère le ballon du match qui s’y est trouvé suite à une action de jeu et plutôt que de le rendre, commence à le jongler sous le regard ébloui de tout le stade, faisant une véritable démonstration de technicité avec ce ballon qui lui vaut aussitôt la clameur du public, mais aussi le mécontentement des acteurs du match et des forces de sécurité qui se jettent à sa poursuite.

Il se fait arrêter et enfermer, mais Béchir, un riche leucoderme et amateur de football qui avait assisté à toute la scène a décelé chez le petit Badian un vrai talent qu’il compte exploiter. Il le fait sortir de prison et l’emmène chez son ami Karim, un entraîneur de football rigide de Conakry réputé pour former des élites.

Dans un nouvel environnement où règnent jalousie, concurrence et convoitise Badian parvient à se faire respecter de tous grâce à son talent naturel pour ce sport et la facilité avec laquelle il joue. Dans son village natal à Makono, il devient une véritable star. Lorsque son équipe joue, les enfants du village et ses anciens compagnons de jeu dépourvus de télévision écoutent passionnément les matchs à la radio.

Béchir résolu à faire de la carrière du petit une réussite, surtout à cause du gain qu’il pourrait en récolter, lui obtient un visa malgré l’opposition de son entraîneur M. Karim et de Mme Aspirine, qui le considèrent beaucoup trop jeune pour s’expatrier. Finalement, Béchir réussit à convaincre tout le monde et Badian entame la prochaine étape de sa tumultueuse vie, destination la France pour intégrer l’équipe junior d’un célèbre club de football de Ligue 1.

 

Réalisé par Cheikh Doukouré et sorti en 1994, Le Ballon d’Or est une comédie dramatique franco-guinéenne de 90 min inspirée de la carrière du premier ballon d’or africain de l’histoire Salif Keïta en 1970. Le jeune Badian incarne la tendance de ces années en Afrique, où la jeunesse vouait une admiration sans précédent au ballon rond. Le point de vue du réalisateur paraît sans équivoque : le foot représente, pour les plus doués, une chance d’échapper à des conditions de vie difficiles et d’accéder, via les clubs européens, à un niveau de vie supérieur avec, en prime, la gloire.

Deux décennies plus tard la place du football a n’a pas changé dans les sociétés africaines, et Le Ballon d’Or demeure un de ces films africains à voir absolument.

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