Les tambours dans les sociétés africaines, tout savoir sur leurs fonctions rituelles et sociales
Les tambours dans les sociétés africaines, tout savoir sur leurs fonctions rituelles et sociales
Dans les sociétés traditionnelles africaines, les tambours jouent un rôle prépondérant. Instruments de musique, ils rythment bien sûr les chants et les danses les jours de fêtes, mais ils occupent aussi d’importantes fonctions rituelles et sociales. Ils ponctuent des moments de la vie quotidienne, accompagnent également les cérémonies : naissance, mariage, funérailles, guerre, chasse, rituels.
Lorsque la musique se fait langage, les tambours deviennent de véritables outils de communication à distance. Instruments « parlants », ils transmettent des messages selon des codes très précis : tel rythme retentira pour appeler les hommes à la construction de chemins ruraux ; lors du décès d’un membre d’une famille royale d’Afrique occidentale, le nom du défunt sera épelé dans un message tambouriné : les sons modulent suivant la tension des membranes. C’est le cas du kalungu du Nigeria.
Le tambour à fente ou tambour de bois, communément appelé tam-tam, peut transmettre des messages à plusieurs dizaines de kilomètres. Il possède des ressources acoustiques insoupçonnables. Muni de languettes, comme au Cameroun, il produit deux sons différents qui peuvent correspondre à certaines langues parlées en Afrique.
L’instrument peut être investi d’une valeur hautement symbolique. C’est le cas des grands tambours du Burundi à peau de vache, qui incarnent la force et le pouvoir. Ils ne sont en effet joués que pour le roi.
Le ntumpane du Bénin est un ensemble de deux grands tambours joués le plus souvent à mains nues, exclusivement par les hommes : ils sont le signe et le symbole de la puissance du chef ou du clan.
Chez les Bakuba, peuple du Congo, le tambour est un des emblèmes constituant le trésor du chef et, à ce titre, est conservé dans de la poudre rouge et enveloppé dans du raphia, à l’abri des regards.
Chez les Batshioko de l’Angola, de petits tambours magiques suspendus au-dessus de la porte protègent les habitants contre le mauvais esprit, le rapt. Le mukupiela (tambour double) et le ngoma (tambour long) sont joués lors des cérémonies d’initiation ou pendant l’opération de la circoncision pour couvrir les cris des enfants.
En pays akan, le « tam-tam parleur » fait partie des attributs de la chefferie. Il émane de tambours jumelés, ou « attoungblan », c’est-à-dire, le tambour mâle et le tambour femelle. Ils émettent alternativement des tons graves et des tons aigus et modèlent les intonations de la langue parlée.
En pays baoulé notamment, ethnie appartenant au groupe akan, on parle du « djomlo », xylophone héxatonique, utilisé au départ par les paysans, comme un épouvantail sonore et dont le message ne peut être décrypté. Il possède à lui seul un langage unique. A ce jour, seuls quelques initiés savent en jouer et décrypter les messages qu’ils véhiculent. La parole du « tam-tam parleur » est conforme à la langue vernaculaire de l’ethnie dont elle émane. Ainsi, un initié baoulé devra d’abord savoir parler l’agni, autre ethnie du groupe akan, avant de pouvoir interpréter les textes tambourinés en agni.
Le « tam-tam parleur » exprime les sentiments profonds de l’âme noire. Au départ, il se jouait avec un seul batteur ; puis les rois et les chefs décidèrent d’y associer d’autres batteurs. On l’utilisait pour : délivrer les messages dans les villages, réveiller le Roi à une heure fixe, les diverses cérémonies (mariages, circoncisions, décès, fêtes de génération, etc…), informer que quelqu’un avait été mordu par un serpent, etc.
En période de guerre, « le tam-tam parleur » joue le rôle de veilleur, de donneur de nouvelles et d’alarmes. En effet, on le joue au moment du départ des régiments militaires pour aller faire la guerre. Au début des hostilités, l’instrument est silencieux, si l’attaque doit avoir lieu par surprise. On ne le joue qu’au moment de donner le signal pour attaquer.
A la fin de la bataille, un rythme spécial annonce le retour des guerriers. Le rythme dénote alors la nouvelle à communiquer. Si l’armée du village est victorieuse, les rythmes sont plus rythmés et plus gais. Et toute la population se regroupe à l’entrée du village pour accueillir les valeureux guerriers. Par contre, en cas de défaite, le rythme est beaucoup moins allègre !
Ces quelques exemples montrent la multiplicité et la complexité des fonctions attribuées aux tambours, dans un tout autre contexte que musical.
Thom Biakpa
Post a comment