
Lutte contre l’apartheid : L’Afrique du Sud se souvient de la marche du 9 août 1956organisée par les femmes pour la liberté et l’émancipation
Des Sud-africaines commémorant la marche du 9 août 1956 dans les rues de Pretoria / AFP
Chaque mois d’août, l’Afrique du Sud se plonge dans une période symbolique connue sous le nom de « mois des femmes », un hommage vibrant à la marche historique du 9 août 1956. Ce jour-là, environ 20 000 femmes, provenant de tous horizons et de toutes origines, se sont rassemblées devant le palais présidentiel à Pretoria pour dénoncer les lois d’apartheid sur les laissez-passer, qui entravaient la liberté de circulation des femmes noires.
Près de sept décennies plus tard, cet événement emblématique continue d’être commémoré par des activistes sud-africains qui organisent chaque année une marche mémorielle. Cette procession est l’occasion de rendre hommage aux héroïnes de cette époque, en se recueillant sur leurs tombes et en réfléchissant à l’héritage qu’elles ont laissé.
Le groupe qui se déplace entre les tombes est d’une diversité remarquable, illustrant l’union qui a caractérisé cette marche historique. Elinor Sisulu, belle-sœur d’Albertina Sisulu, l’une des figures emblématiques de la lutte, témoigne de la détermination de ces femmes : « Il est incroyable que 20 000 femmes aient pu se rassembler dans un contexte aussi répressif et fasciste à Pretoria, sans les moyens de communication modernes que nous avons aujourd’hui. Je suis toujours émerveillée par leur courage. »
Ces femmes, qu’elles soient blanches, noires, indiennes ou métisses, ont bravé les dangers, certaines portant leurs enfants ou ceux de leurs employeurs sur le dos, dans un acte de résistance non seulement contre les lois de l’apartheid, mais aussi pour leur émancipation. Phumla Williams de la fondation Ahmed Kathrada souligne l’impact des injustices de l’apartheid sur les femmes : « Dans le cadre de toutes leurs lois, les femmes étaient considérées comme inférieures. Elles ont dû faire preuve de force et de détermination pour montrer qu’elles ne se laisseraient pas faire. »
L’héritage de ces femmes continue d’inspirer les nouvelles générations. MalethaboHlatswayo, une jeune poétesse de 23 ans, a dédié un poème à leur mémoire : « Elles me motivent à ne jamais abandonner. Dans le contexte actuel où les femmes et les enfants subissent une épidémie de violences basées sur le genre, leur histoire est un puissant appel à la résistance et à l’unité, comme elles l’ont si brillamment démontré. »
Au cours de la commémoration, chaque participant dépose une fleur sur les tombes des organisatrices, aujourd’hui presque toutes disparues, mais dont la mémoire reste vivante et ancrée dans le cœur de la nation. Les échos de leur lutte résonnent toujours, rappelant à tous que le chemin vers la liberté et l’égalité est pavé de sacrifices et de courage. L’Afrique du Sud, en honorant ces pionnières, perpétue leur combat pour un avenir meilleur, non seulement pour les femmes, mais pour toute la société.
Thom Biakpa
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