Mariage en pays malinké
La symbolique de la cola dans le cérémonial
En pays malinké, les rituels qui entourent le mariage, se distinguent par leur originalité. Le mariage dans cette culture reste un événement central dans la reproduction des structures familiales. Ayant pour rôle essentiel d’assurer aux lignages une descendance légitime, et plus généralement de nouer ou reconduire les alliances inter-lignagères, le mariage est assorti d’un cérémonial spectaculaire, surtout en sa phase de « l’attachement de la cola », qui doit réunir la majeure partie de la famille étendue pour consacrer l’union.
Un cérémonial
Les malinkés organisent à l’aide des noix de cola des rituels destinés à consolider les relations de couple. Le jour du mariage, on enroule dans un pagne blanc deux tranches de cola, une rouge et une blanche représentant les deux fiancés. On pose les mains dessus et on fait des incantations. Le mariage dès lors est rendu indissoluble, il ne pourra être rompu qu’avec l’accord des deux parties en présence.
Les préceptes de l’Islam interdisent les excitants tels que l’alcool et le tabac, mais ils ne censurent pas la noix de cola. La diffusion de cette noix était autrefois fondée sur l’idée qu’elle était la « noix du prophète Mahomet » et que sa consommation favorisait l’entrée au paradis.
La cola, symbole de respect et de considération
En tant que partie intégrante des coutumes, la cola est indispensable avant et pendant les cérémonies de plusieurs communautés. Un guide religieux musulman interrogé sur la question, nous a fait savoir qu’elle (la cola) est utilisée depuis des siècles. » Dans la communauté mandingue, la cola est extrêmement importante et indispensable pendant les cérémonies comme les baptêmes, les sacrifices, les demandes en mariage. Il faut donner la cola ou la présenter, elle symbolise le respect pour le malinké. Elle est destinée à un notable, à un chef, à un érudit qu’on a l’intention d’honorer, elle vaut plus que l’argent dans la communauté mandingue pour exprimer sa profonde gratitude à l’égard d’une personne. Il faut présenter la cola si tu veux une femme ou te confier à une communauté quand tu viens dans un village où ville. C’est purement symbolique, la cola dit tout et signifie tout chez nous les malinkés et les musulmans, en un mot elle est expressive chez nous », nous a-t-il instruit.
La population islamisée est ainsi devenue très friande de cette noix qu’on offre d’ailleurs aux Imams pendant la cérémonie du mariage dans la mosquée. Nul n’est besoin de rappeler que le mariage reste un contrat liant deux familles et non deux individus et est soumis à des interdictions entre certains clans et classes, et à des règles prescriptives. Car, rassembler la dot est une épreuve longue et difficile, tant pour le jeune qui dépend de sa famille que pour le budget de la famille. Le mariage en pays malinké obéit à une chronologie.
Les différentes étapes du mariage malinké
D’abord le lundi ou le mercredi, le « Lassiguili » (mise en chambre de la mariée) et le « Djabila » (pose du henné) consacrent le premier jour du mariage où la future mariée doit rester dans sa chambre tout au long de la cérémonie sauf à des moments exceptionnelles très précises où sa présence est nécessaire. Puis, vient le jeudi où l’on procède au » Fouroussiri » ou « Attachement de cola « . Il s’agit du mariage religieux, il se fait en général le matin. Puis s’ensuit le « Koun Koli » ou lavage de la tête de la mariée qui se fait généralement dans l’après-midi. Après cette cérémonie, la mariée est conduite chez son mari. Et on en arrive enfin au dimanche, le jour où les Malinké font, au lever du jour, le » Koun Dan » ou tresses que l’on fait à la mariée, suivi de la sortie de la mariée en public, des remises des dons et cadeaux des marraines et des invités.
Le « Deban Don » qui est la danse des marraines aux rythmes du Djembé, assaisonnée aux cantiques de louanges des griottes, est l’étape qui met fin à la cérémonie.
Thom Biakpa
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