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Mohamed Ali, une légende bien au-delà du sport

Mohamed Ali, légende de la boxe mondiale/ photo: Eurosport

Le 3 juin 2016, la planète toute entière a été secouée par une triste nouvelle. Celle du décès de Mohamed Ali, icône mondiale de la boxe. La légende américaine du noble art, venait ainsi de perdre à Scottsdale en Arizona, à 74 ans, son ultime combat contre la maladie du Parkinson, avec laquelle il s’est battu pendant 30 ans.

Neuf ans après sa disparition, celui qui a écrit en lettres d’or son nom dans les annales de la boxe du 20è siècle, est encore vivace dans les mémoires. Retour sur la vie et la mort de Mohamed Ali !

Son nom à la naissance est Cassius Clay. Mais il deviendra plus tard en 1975, Mohamed Ali, après sa conversion à l’islam.le 17 janvier 1942 dans la ville de Louisville dans l’Etat américain du Kentucky au sein d’une famille pauvre appartenant à la communauté noire, lui et sa famille souffrirent de la politique ségrégationniste qui était alors appliquée aux Etats-Unis.

Son histoire avec la boxe

Le jeune Cassius Marcellus Clay commence sa carrière de boxeur en 1954, alors qu’il n’avait à peine que douze ans, et ce, suite à un petit incident. En effet, il se trouve qu’à cette époque, un individu lui vole sa bicyclette alors que celui-ci jouait tranquillement avec ses amis dans l’une des aires de jeux de la ville. Lorsque Cassius découvrit le vol, il pique une colère terrible, et dit tout fort qu’il écraserait et frapperait durement le voleur quand il lui mettrait la main dessus.

Il adresse ces paroles vindicatives à un policier qui se trouvait devant lui.Ce dernier se moque du jeune homme maigre et grand en lui disant « Tu ferais mieux plutôt d’apprendre la boxe avant de vouloir frapper quiconque ». Ce policier ne pouvait alors imaginer que sa parole moqueuse allait changer le cours de la vie du jeune homme, que ce dernier choisirait effectivement cette voie et qu’il deviendrait l’un des plus grands champions de l’histoire de ce sport.

Ali, “The Greatest

Ce surnom, il se l‘était lui-même choisi et personne n’a jamais rien trouvé à redire. Aux yeux de tous, Mohamed Ali restera comme l’un des plus grands boxeurs de l’histoire. Pour son palmarès bien sûr mais aussi pour son style peu orthodoxe et pour sa verve acérée. Apres avoir été champion olympique des mi-lourds aux Jeux Olympiques de Rome en 1960, à l’âge de 18 ans, il domine sa catégorie comme Joe Louis ou Rocky Marciano avant lui. En 1964, il n’a que 22 ans, et déjà un titre olympique en poche, quand il devient champion du monde des lourds en terrassant Sonny Liston pourtant réputé invincible.

Auteur de la célèbre formule : « je vole comme un papillon et je pique comme une abeille », Ali a achevé de convaincre sur son arrogance avant chacun de ses combats. Il prédit à quelle reprise il enverra ses adversaires au tapis et a l’art de créer un certain engouement indescriptible autour de ses combats.

Malheureusement celui qui « vole comme un papillon et pique comme une abeille », refuse aussi de servir dans l’armée américaine et de prendre part à la guerre du Vietnâm. Il est alors freiné dans sa carrière. Ali soutient qu’aucun « vietcong » ne l’a jamais traité de nègre et donc ne voit pas pourquoi il irait les combattre. « Je ne vois pas pourquoi ceux qu’on appelle les nègres iraient à des milliers de kilomètres de leur maison, en Amérique, lâcher des bombes et tirer des balles sur des gens innocents qui ne nous ont jamais offensés. Et je vais le dire sans détour:non, je n’irai pas ».

Un homme de conviction

Le 28 avril 1967, il refuse son incorporation dans un centre de recrutement. Le 8 mai, il passe en justice, écope de 10 000 dollars d’amende et de 5 ans de prison. Il perd sa licence de boxeur et son titre mondial. A 25 ans, privé de ring, cerné par des problèmes financiers, Ali se bat pour une cause qu’il considère comme juste. Apres trois ans sans combattre où la prison lui a été épargnée pour ne pas en faire un martyre, il remonte sur le ring en 1970 avant de tenter, l’année suivante, de reconquérir sa ceinture mondiale.

Kinshasa, terre de renaissance de Mohamed Ali

Mais au Madison Square Garden, dans le premier de la série des combats du siècle, Joe Frazier lui inflige la première défaite de sa carrière. Mohamed Ali devra attendre1974 pour prendre sa revanche contre son ennemi juré qu’il surnommait tantôt le Gorille tantôt l’Oncle Tom. Dans la foulée, il se rend à Kinshasa où il bat George Foreman pour redevenir champion du monde. Un titre qu’il conserve ensuite aux dépens d’un illustre inconnu, Chuck Wepner, qui lui résiste pendant 15 rounds et qui inspirera à Sylvester Stallone le rôle de Rocky.

D’Oscar de la Hoya à Sydney Poitier en passant par Lennoy Lewis, le champion ne laissait personne indifférent. Après sa retraite, en 1981, Mohamed Ali livre un nouveau combat, cette fois contre la maladie de Parkinson. Il revient dans la lumière en allumant la flamme olympique aux Jeux d’Atlanta en 1996.

Son combat contre le Parkinson

Sa maladie, le monde entier la découvrira lors de ces J.O  quand il devient le dernier porteur de la flamme olympique avant l’allumage de la vasque des Jeux de 1996. Ali est alors tout le symbole d’une Amérique en paix avec son passé. En 2005, il recevra même la médaille présidentielle de la Liberté, la plus haute distinction civile en Amérique pour « son engagement en faveur du mouvement américain contre la ségrégation et pour l’émancipation culturelle des Noirs ». Mohamed Ali, est une légende bien au delà du sport.

Son amour pour l’Islam

Ali a rendu publique sa conversion à l’Islam en 1975. C’est Malcolm X qui lui fait la Nation of Islam, de même qu’il le fit aimer l’Islam qui était une religion encore peu répandue aux Etats-Unis. Toutefois, les relations de Mohamed Ali avec la Nation of Islam ne durèrent pas bien longtemps, car le boxeur s’opposait à de nombreuses idées portées par ce groupe sectaire, mais, malgré cette rupture, il continua à accomplir ses œuvres de bienfaisance et son appel à l’Islam dans le but d’essayer de corriger la mauvaise image de l’Islam et des musulmans qui était ancrée dans l’esprit des Occidentaux.

Il a d’ailleurs reconnu qu’il a commen à sentir une forme de spiritualité l’habiter pour la première fois dans sa vie le jour où il a pénétré dans la mosquée de Miami.

Des obsèques dignes d’une légende

Des milliers de personnes ont suivi la procession, et de nombreuses personnalités ont participé à la cérémonie d’hommage à une icône du sport et de la société américaine. C’est au milieu d’une haie d’honneur dans sa ville natale de Louisville (Kentucky) que Mohamed Ali a joué son dernier round. Des milliers d’admirateurs ont suivi la procession qui menait le légendaire boxeur au cimetière de Cave Hill. Toucher le corbillard, déposer une rose ou un billet, chacun veut saluer à sa manière un champion qui a marqué le XXème siècle.

Son cercueil recouvert de versets du Coran était porté par ses proches et amis, parmi lesquels l’acteur Will Smith, qui avait incarné Ali au cinéma. Dans une immense salle de sport bondée où flottaient les drapeaux américain et olympique, a eu lieu une cérémonie œcuménique. Face à sa famille, des personnalités se sont succédées à la tribune, notamment l’ancien président Bill Clinton. À la fin, tous se sont levés pour remercier Mohamed Ali, un homme qui aura inspiré plusieurs générations de personnes bien au-delà du sport. Il était vraiment le plus grand !

Thom Biakpa

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