Musique : Amadou Bagayoko, un héritage musical éternel

Amadou Bagayogo a rangé micro et guitare plongeant dans la tristesse son épouse Mariam/ Starface

C’est avec une profonde tristesse que le monde de la musique a appris le décès d’Amadou Bagayoko, membre emblématique du duo malien Amadou et Mariam, survenu le 4 avril à l’âge de 70 ans, des suites d’une maladie. Sa famille a confirmé cette triste nouvelle, et le ministre malien de la Culture, Mamou Daffé, a exprimé sa consternation face à cette perte inestimable pour la musique malienne et internationale.

Amadou Bagayoko, qui a partagé sa vie et sa carrière avec sa femme, Mariam Doumbia, a su conquérir le cœur du public à travers le monde. Le duo a émergé sur la scène musicale internationale après un long parcours en Afrique, notamment avec leur chanson emblématique « Mon amour, ma chérie » en 1998, suivie de l’album « Dimanche à Bamako » en 2004, produit par le célèbre Manu Chao. Ce dernier a d’ailleurs exprimé son « infinie tristesse » sur les réseaux sociaux, rendant hommage à l’impact durable d’Amadou sur la musique.

Né à Bamako le 24 octobre 1954, Amadou a montré dès son plus jeune âge un talent exceptionnel pour la musique. À seulement deux ans, il commençait à apprendre les percussions, avant de se tourner vers l’harmonica et la flûte. Sa passion pour la guitare, un instrument possédé par un oncle, l’a conduit à explorer divers genres musicaux, allant de Jimi Hendrix aux sonorités cubaines, tout en restant profondément ancré dans la tradition musicale malienne.

Malgré la perte de sa vue due à une cataracte congénitale durant son adolescence, Amadou n’a jamais laissé cet obstacle entraver sa passion. Il a intégré l’Institut des jeunes aveugles de Bamako, où il a dirigé des formations musicales et sensibilisé le public à la vie des personnes aveugles. C’est là qu’il a rencontré Mariam, qui deviendra non seulement sa complice musicale mais aussi sa partenaire de vie. Ensemble, ils ont formé un duo inoubliable, se produisant pour la première fois en tant que couple en 1980.

Leur carrière a pris un tournant décisif en 1982 lorsqu’Amadou a remporté le concours Découvertes de RFI, ce qui leur a ouvert les portes de la reconnaissance internationale. Leur premier CD, « Sou Ni Tilé », sorti en 1998, a marqué le début de leur ascension fulgurante, suivie par des performances dans des festivals prestigieux à travers le monde.

Leur album « Dimanche à Bamako » a été un véritable phénomène, leur valant le prix du meilleur album world aux Victoires de la Musique en 2005. Amadou et Mariam ont continué à briller sur la scène mondiale avec des projets tels que « Welcome to Mali » et « Folila », qui ont mis en avant leur capacité à fusionner les cultures et à promouvoir des messages de solidarité et d’amour.

Leur musique, empreinte de joie et d’espoir, a touché des millions de cœurs, et leur héritage perdurera à travers leurs chansons. Amadou et Mariam ont su transcender les frontières, se produisant aux côtés de grands artistes et lors d’événements marquants, comme la cérémonie d’ouverture de la Coupe du monde de football en 2010.

Alors que nous pleurons la perte d’Amadou Bagayoko, nous célébrons également sa vie et son œuvre, qui continueront d’inspirer les générations futures. Son dernier hommage, interprété lors de la cérémonie de clôture des Jeux paralympiques de Paris, résonne comme un adieu poignant, mais aussi comme un témoignage de la beauté et de la force de sa musique. Amadou, tu resteras à jamais dans nos cœurs.

Thom Biakpa