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Patrice Lumumba : Une icône planétaire de la lutte anticoloniale

Il était une fois Emery Patrice Lumumba/ Wikimédia

 

Le 2 juillet 1925, naissait à Onalua, en République Démocratique du Congo (RDC), Patrice Lumumba, une figure emblématique de l’histoire africaine du XXe siècle. Premier ministre après la victoire de son parti, le Mouvement National Congolais (MNC), en 1960, Lumumba est arrêté par Mobutu le 1er décembre de la même année, livré aux autorités sécessionnistes du Katanga et assassiné le 17 janvier 1961. Sa mort tragique a fait de lui un symbole de résistance et d’espoir pour de nombreux peuples à travers le monde.

L’annonce de son assassinat a provoqué une onde de choc internationale. Le ministre de l’Intérieur katangais, Godefroid Munongo, a tenté de minimiser l’impact de cet événement en prétendant que Lumumba et ses compagnons avaient été « massacrés » par des villageois. Cependant, la vérité était bien plus sombre, impliquant des acteurs internationaux tels que la CIA et le gouvernement belge. La presse mondiale a rapidement relayé l’information, suscitant une émotion planétaire.

L’URSS a été l’un des premiers à dénoncer cet acte, publiant une déclaration officielle le 14 février 1961. Le président ghanéen, Kwame Nkrumah, a également pris la parole, appelant à l’unité africaine face à ce qu’il considérait comme un nouvel assaut colonial. Ses discours ont galvanisé un mouvement de colère qui s’est manifesté à travers le monde.

Des manifestations ont éclaté dans de nombreuses villes, de Moscou à Varsovie, en passant par le Caire et Colombo. À Moscou, des milliers de manifestants ont pris d’assaut l’ambassade de Belgique, tandis qu’à Varsovie, les locaux de l’ambassade étaient saccagés. En Chine, un rassemblement massif a eu lieu au stade des Travailleurs de Pékin, où le Premier ministre Zhou Enlai a rendu hommage à Lumumba, soulignant son rôle dans la lutte pour la dignité des peuples africains.

Au Ghana, des cérémonies officielles ont rassemblé des milliers de personnes, tandis qu’à Bamako, au Mali, des voix s’élevaient pour dénoncer les responsables de sa mort. L’icône de Lumumba était en train de se construire, avec des comparaisons religieuses évoquant son sacrifice.

Les artistes et intellectuels ont également joué un rôle crucial dans la transformation de Lumumba en martyr de l’anticolonialisme. Frantz Fanon a dénoncé les complices africains de son assassinat, tandis que des poètes comme Langston Hughes et Shimei ont célébré sa mémoire à travers leurs écrits. La musique a également contribué à cette dynamique, avec des hommages de musiciens africains et latino-américains.

Le théâtre n’a pas été en reste, avec des pièces évoquant la lutte anti-impérialiste et le sacrifice de Lumumba. Aimé Césaire, dans « Une saison au Congo », a dénoncé le néocolonialisme tout en plaçant Lumumba au centre de son récit.

L’iconographie de Lumumba s’est répandue à travers le monde, avec des timbres, des œuvres d’art et des cartes postales le représentant comme un martyr. Des artistes comme Renato Guttuso et Tshibumba Kanda-Matulu ont immortalisé son image, soulignant son héritage et son impact durable.

Patrice Lumumba, bien que mort, continue d’inspirer des générations entières. Son projet inachevé et son corps jamais enterré ont permis à sa mémoire de vivre à travers les arts et les luttes pour la justice et l’égalité. Comme l’affirme Matthias De Groof, « Aucune forme d’art ne semble échapper à Lumumba », témoignant de l’importance de son héritage dans la lutte contre l’oppression et pour la dignité des peuples.

Thom Biakpa

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