Vandalisme du mausolée de Patrice Lumumba en RDC : Un acte choquant qui soulève des inquiétudes
La famille de feu Patrice Lumumba est sous le choc suite à l’acte de vandalisme du mausolée du héros national congolais / Photo: AFP
La famille de Patrice Lumumba, héros national congolais, exprime son indignation face à un acte de vandalisme qualifié d’ignoble. Le mausolée, qui abrite les restes de ce leader emblématique, a été profané, et les autorités ont annoncé l’ouverture d’enquêtes pour faire la lumière sur cet incident troublant.
Jean-Jacques Lumumba, militant anticorruption et petit-neveu de Patrice Emery Lumumba, a partagé des détails sur les événements survenus à Kinshasa. « Des individus non identifiés ont pénétré dans le mausolée, ont brisé des vitres et ont tenté de s’introduire pour dérober les reliques de notre aïeul. Heureusement, les forces de sécurité ont rapidement maîtrisé la situation. Actuellement, des enquêtes sont en cours, et la fondation Patrice Emery Lumumba ainsi que les autorités fourniront bientôt des informations complémentaires sur les circonstances de cet acte », a-t-il déclaré.
Le mausolée, dédié à la mémoire de Lumumba, a été forcé, et le cercueil a été retrouvé au sol, bien que les restes de l’ancien Premier ministre aient été sécurisés. Amory Lumumba, l’un des petits-fils de Patrice Lumumba, a rassuré le public dans un communiqué publié le 18 novembre sur X, précisant que la dent de Patrice Lumumba, restituée par la Belgique en 2022, n’a pas été volée. Cependant, cet incident soulève des questions cruciales concernant la gestion et la sécurité de ce lieu de mémoire.
Amory Lumumba a également exprimé son inquiétude quant à la situation des policiers chargés de la protection du mausolée, affirmant qu’ils sont « irrégulièrement rémunérés » et « laissés dans la précarité ». Il a rappelé que ce site devrait être un espace de recueillement et un symbole de la politique de mémoire de la RDC, qui accuse un certain retard.
« Il est difficile de déterminer les motivations derrière cet acte ignoble. Il y a certainement une dimension de fétichisation de la dépouille de Patrice Emery Lumumba », a-t-il ajouté. Selon lui, certains considèrent ces restes comme des reliques, ce qui évoque des connotations religieuses et mystiques. Il a également souligné que l’image de Patrice Lumumba en RDC diffère de celle qu’il a à l’échelle africaine et mondiale, et que de nombreux Congolais ont malheureusement combattu ce personnage, pourtant admiré ailleurs.
Le ministère congolais de la Culture et des Arts a condamné cet acte, le qualifiant d’« inacceptable » et a promis de prendre des mesures pour sanctionner les responsables. Les défenseurs des droits de l’homme, quant à eux, voient dans cet incident un reflet d’un « sérieux problème » au niveau des valeurs morales en RDC. Franck Citende, secrétaire exécutif du Réseau national des ONG des droits de l’Homme en RDC (Rhenadoc), a déclaré : « Il est incompréhensible que des individus se permettent de profaner le mausolée d’un personnage de la stature de Patrice Emery Lumumba. Nous soutenons les enquêtes en cours et espérons que les coupables seront arrêtés, jugés et sanctionnés, afin que cela serve de leçon. »
Ce cas de vandalisme n’est pas isolé. En septembre 2011, la tombe de Thomas Sankara, figure emblématique de la révolution burkinabè, avait également été profanée au cimetière de Dagnöen par une personne considérée comme ayant des troubles mentaux. Ces événements soulignent la nécessité d’une protection renforcée des lieux de mémoire et d’une réflexion sur la manière dont les sociétés honorent et préservent leur histoire.
Thom Biakpa
Post a comment