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Zoom sur Smarty, Rappeur burkinabé et militant de la cause africaine

Zoom sur Smarty, Rappeur burkinabé et militant de la cause africaine

 

L’artiste Burkinabé engagé, Smarty lors d’un concert / Photo: Rfi music

Un parcours de combattant

C’est l’une des voix qui se fait le plus entendre en ce moment sur le continent africain, en matière de musique Rap. Ces textes ne manquent pas de piment et son résolument orientés dans le sens de la dénonciation des tares de la société africaines, marquées par des phénomènes comme la corruption, la gabegie financière, la mal gouvernance, le non respect des droits de l’homme, l’absence de démocratie, etc.

Smarty, c’est de lui qu’il s’agit, est un artiste burkinabé engagé, qui n’hésite pas à dénoncer de façon crue, certains manquements constatés, notamment dans la gestion des biens publics. Et le Rap, la musique qu’il pratique, est le moyen par lequel il l’exprime.    

Né en 1978 sous le nom de Salif Louis Kiekieta, d’un père burkinabé et d’une mère ivoirienne, Smarty passe une grande partie de son enfance en Côte d’Ivoire. Dans cette famille de condition modeste, il doit assurer les responsabilités qui reviennent au fils ainé en s’occupant des plus jeunes lorsque ses parents se séparent alors qu’il a huit ans.

               Sa connexion avec le Hip-Hop

Contraint d’abandonner sa scolarité en classe de 5e par manque de moyens financiers, son quotidien au Burkina Faso, où il est venu vivre en 1993, est fait de petits métiers. Il découvre le mouvement hip hop à cette époque, avec lequel il ressent une proximité immédiate, et trouve sa vocation en assistant à un concert du groupe ivoirien MAM.

Il prend pour la première fois le micro en public deux ans plus tard, dans le cadre d’un concours de rap, en interprétant un titre du Français MC Solaar. Peu de temps après, il se met à écrire ses propres textes qui lui donnent l’occasion de se faire entendre à l’université de Ouagadougou puis de monter le groupe Yeleen(qui signifie « lumière » en bambara) avec le Tchadien Mawndoé.

Entre 2001 et 2010, le duo va sortir cinq albums qui vont asseoir sa réputation à l’échelle locale, décrochant un Kundé d’or en 2007, et lui permettre de devenir l’une des formations phares du rap d’Afrique francophone. Les deux artistes décident ensuite de poursuivre leur carrière chacun de leur côté.

En 2011, Smarty est à l’affiche du festival Waga Hip Hop. Sur le projet plus personnel qu’il développe, le rappeur se fait aussi chanteur et il choisit d’enregistrer en live un album dans lequel les musiciens qui l’accompagnent jouent des instruments traditionnels. Il invite aussi à ses côtés le reggaemanivoirien Tiken Jah Fakoly, le rappeur français Soprano et son compatriote Dudn’J.

“ Le chapeau du chef ”, titre culte de la révolution au Burkina Faso

Le disque « African Kouleurs« , est commercialisé en novembre 2012 et présenté dans la foulée sur scène à Ouagadougou et Bobo Dioulasso. Lauréat du Prix Découvertes RFI attribué en octobre 2013, il débute en mai suivant au Tchad, une tournée africaine qui dure deux mois durant laquelle il donne près de 25 concerts dans une vingtaine de pays. En septembre, après avoir fait la première partie des Ivoiriens de Magic System à l’Olympia, à Paris, il participe au festival itinérant Africa Fête qui se tient au Bénin, puis se produit en première partie de la tournée française et suisse de Tiken Jah Fakoly pour une quinzaine de dates.

En parallèle, son morceau « Le chapeau du chef » trouve un écho particulier dans les manifestations qui se tiennent dans son pays pour obtenir le départ du président Blaise Compaoré. Smarty, militant de la cause africaine, est aussi cosignataire d’une lettre ouverte adressée par une vingtaine d’artistes du continent aux chefs d’État réunis au Sommet de la francophonie en novembre 2014, afin de les inciter à mieux lutter contre l’épidémie de fièvre Ebola.

Un talent internationalement reconnu

En avril 2015, il est programmé à deux reprises pour la huitième édition du Femua (Festival des musiques urbaines d’Anoumabo) qui se tient en Côte d’Ivoire. En 2017, il s’illustre sur la bande originale du film « Bienvenue au Gondwana » réalisé par Mamane. Il est aussi invité par le rappeur burkinabè Askoy pour un featuring.

De retour en 2018 avec un mini-album intitulé « Bienvenue », dont la chanson-titre évoque la question de l’immigration en France, il défend ses nouveaux morceaux lors de son passage en octobre au festival Mama à Paris. À l’initiative de l’Unicef, Smarty devient en 2019 à travers la chanson « Ombre de la nuit » le porte-voix de la campagne « Ne m’appelez pas madame », lancée par l’organisation onusienne au Burkina Faso contre le mariage des enfants. Il est également invité par son compatriote Amzy sur son album « Insurrection ».

À l’affiche du long-métrage « Watinooma » de Bède Modeste Ganafé Mofédog-na qui sort en 2020, le rappeur devenu officiellement ambassadeur de bonne volonté de l’Unicef s’illustre aussi dans la sensibilisation au coronavirus peu de temps après l’apparition de la pandémie de Covid-19 avec la chanson « Monsieur Corona ». En parallèle, il collabore le temps d’un titre avec le rappeur américain JT The Bigga Bigga (venu s’installer au Burkina) et avec le collectif One Love Burkina réunissant quelques artistes phares de son pays pour une reprise de la chanson « One Love » de Bob Marley.

En octobre et en novembre, Smarty multiplie les prestations lors de festivals à travers le Burkina Faso, notamment au Waga Festival à Ouagadougou. Ses apparitions aux côtés d’autres artistes se multiplient en 2021 : avec la chanteuse nigériane Ifé sur son album « Sunset And Paragraphs« , avec le Centrafricain installé au Canada Boddhi Satva, avec le groupe de slam burkinabè Afrikan’Da, avec ses compatriotes Alif Naaba et Dicko Fils sur leurs albums respectifs « Wok » et « Mi Muraaki« , avec le rappeur ivoirien Billy Billy sur son album « Patriote » et avec les stars du zouglou Magic System sur leur disque « Envolée zougloutique« . Il participe également au collectif Soldats je vous aime afin de rendre hommage en chanson aux Forces de défense et de sécurité (FDS) impliquées dans la lutte contre les groupes terroristes.

Sur scène, il se produit notamment en mars à l’Institut français de Ouagadougou. En octobre 2021 parait son nouvel album « Odyssée », qui contient seize nouvelles chansons, sur lesquelles il partage le micro notamment avec le reggaeman Tiken Jah Fakoly, les stars du zouglou Magic System, la chanteuse du Burkina Faso Amity Meria ou encore le Tchadien Mawndoe, l’autre moitié du groupe Yeleen.

Un grand concert est organisé dans la foulée au stade municipal de la capitale en novembre. Quelques jours plus tard, il est à l’affiche du festival Les Nuits du Faso en France. En 2022, Smarty s’engage à nouveau en chanson pour l’Unicef avec le titre « Demain ça ira », qui réunit également les Togolais Toofan et la Béninoise Zeynab.

Au cours de l’année suivante, il met sur le marché deux nouvelles chansons, dont « Sale temps » avec le rappeur sénégalais Didier Awadi. Distingué en mai par un nouveau Kundé d’or, qui récompense les chanteurs au Burkina Faso, Smarty se produit en juillet à Montréal au Canada aux Nuits du Faso. Chez lui, il joue à plusieurs reprises dans le cadre de la caravane Faso Jeunes, à destination de la jeunesse, qui sillonne le territoire burkinabè. Il est aussi programmé en clôture des Rencontres musicales africaines (Rema) à Ouagadougou. Après une prestation au Mali au festival Bama’Art de Bamako, il donne un grand concert gratuit dans la capitale du Burkina Faso en novembre, avec la participation des rappeurs locaux Toksa et Askoy ainsi que du Sénégalais Didier Awadi. Baptisé Peace & Unity, l’événement réunit plusieurs milliers de spectateurs.

L’artiste sur le continent, est sollicité pour plusieurs événements car sa voix compte. Smarty continue d’apporter sa pierre à l’édification d’une Afrique libre et émancipée.

Thom Biakpa

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