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7è art/ Euzhan Palcy, première femme réalisatrice et première artiste noire à recevoir un César

Euzhan Palcy, réalisatrice martiniquaise recevant un Oscar d’honneur pour sa carrière/ photo: Madmoizelle.

Le monde du cinéma a tendance à ne célébrer que les réalisateurs masculins. Pourtant, dans ce métier, plusieurs femmes ont fait montre de leur talent et ont même été hissées au panthéon du 7é art. Euzhan Palcy, née le 13 janvier 1958 en Martinique, en fait partie.  

Première femme réalisatrice et première artiste noire à recevoir un César, Euzhan Palcy est entrée dans l’histoire du cinéma, avec notamment la réalisation du film Rue Cases-Nègres en 1983, primé de 20 prix internationaux.

C’est à l’âge de quatorze ans que Euzhan Palcy découvre le roman La Rue Cases-Nègres de Joseph Zobel, paru aux éditions Présence Africaine. Elle est frappée par ce livre qui, pour la première fois, raconte une histoire qui se déroule en Martinique dans les années 1930, dans un environnement et avec des personnages qu’elle reconnaît.

Alors qu’elle rêve déjà de devenir cinéaste, elle se fait la promesse qu’elle adaptera un jour sur grand écran cette histoire, celle de José, l’orphelin turbulent qui fait la loi dans le quartier quand les adultes sont partis dans les champs de cannes à sucre, et que sa grand-mère M’an Tine pousse à faire des études. La rue Cases-Nègres du titre est le nom traditionnel de la grande rue du quartier des esclaves avant l’abolition.

Après avoir réalisé une fiction télévisée en autodidacte, Euzhan Placy part dans l’hexagone pour continuer ses études à l’École Louis Lumière. Elle effectue des travaux d’assistanat ou de montage pour de grands noms du cinéma. En 1981, elle parvient à convaincre le Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC), devenant la première cinéaste originaire des Antilles à recevoir l’avance sur recette. Elle tourne le film à Fort-de-France, grâce à l’aide décisive d’Aimé Césaire, alors à la tête de la mairie.

Le 21 septembre 1982, Euzhan Palcy réalise sa promesse d’adolescente : Rue Cases-Nègres est en salle, où le film fait un triomphe. Le 3 mars 1984, au Théâtre de l’Empire à Paris, la réalisatrice martiniquaise âgée de 25 ans devient la première femme cinéaste à recevoir la fameuse statuette des César pour son premier film, qui obtiendra près de 20 prix à l’international.

Suite à ce succès, elle part aux États-Unis pour réaliser un film sur l’Apartheid en Afrique du Sud, dénommé « Une saison blanche et sèche » (1989). Celui-ci fait d’elle la première réalisatrice noire à être produite par une major hollywoodienne et la première femme à diriger l’icône Marlon Brando, lui permettant d’être nommée aux Oscars en 1990.

Elle réalise plusieurs autres projets aux Etats-Unis et en France, dont un triptyque documentaire sur Aimé Césaire, une fiction sur la période coloniale à l’île de La Réunion (Les Mariées de l’Isle Bourbon), et le documentaire « Parcours de documentaire Parcours de dissidents », sur les résistants à Vichy qui ont fui les Antilles pour rejoindre les troupes alliées. Le film a aidé à les sortir de l’oubli, et a été projeté à l’Elysée en 2014 à l’occasion du 70ème anniversaire de la Libération.

Thom Biakpa

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