La conférence de Berlin : Le partage de l’Afrique par les européens
La convoitise que suscite l’Afrique ne date pas d’aujourd’hui, même si elle semble se consolider au fil des années. Il y a de cela deux siècles, elle avait donné lieu à un sinistre événement : la conférence de Berlin.
Objectif ? Se partager l’Afrique, perçue par les puissances coloniales de l’époque comme une poule aux œufs d’or que chacun voulait s’approprier.
Depuis la révolution industrielle, les progrès enregistrés par les États européens dans le domaine de la technologie, la science et de la médecine combinés à la nécessité de matières premières engendrée par l’industrialisation les ont conduits à se lancer à la quête de nouveaux territoires dans des perspectives d’échanges commerciaux ( ivoire, richesses minières, caoutchouc, etc.), découvertes géographiques (les sources du Nil par exemple) ou encore d’établissement de missions pour évangéliser les populations.
Dans la seconde moitié du 19ème siècle, l’Afrique devient le centre d’intérêt de toute l’Europe et de l’Amérique lorsque les pays européens qui ne se contentaient que de rester en périphérie du continent pour établir des comptoirs de commerces ou des escales, entreprennent un véritable exode au cœur de l’Afrique, suscité par de nombreuses découvertes dont des mines de diamants en 1867 dans le Transvaal.
Durant les années 1880, les visées colonisatrices européennes en Afrique s’intensifient jusqu’à créer des tensions entre les différentes puissances. Un vaste espace encore peu exploré attire en particulier l’attention et les convoitises : le bassin du Congo. Les Portugais y revendiquent une présence ancienne, mais doivent composer avec les appétits impériaux des Britanniques, des Français et du roi des Belges Léopold II.
Entre la France et le roi belge s’installe alors une véritable concurrence. En effet, dans les années 1870-1880 la France avait délégué l’explorateur Pierre Savorgnan de Brazza, voyageur d’origine Italienne au service de la France qui avait la charge de parcourir cette zone. Parallèlement, le roi des belges Léopold II engagea quant à lui l’explorateur et journaliste américain Henry Morton Stanley aux fins d’explorer le territoire, signer des traités et négocier des protectorats avec les souverains ou les chefs. Mais, en 1884, la Grande-Bretagne reconnaît des droits au Portugal sur l’embouchure du Congo, élargissant ainsi les revendications liées à cette zone.
Face aux tensions grandissantes entre les européens, le Portugal conçoit alors l’idée d’une conférence internationale entre les plus grandes puissances Européennes pour le partage de cette région. Ainsi, le 14 Novembre 1884 à l’initiative du chancelier Allemand Otto Von Bismarck, fut convoqué la conférence de Berlin. 14 puissances participent à la conférence : l’Allemagne, l’Autriche-Hongrie, la Belgique, le Danemark, l’empire Ottoman, l’Espagne, les États-Unis, la France, la Grande Bretagne, l’Italie, les Pays Bas, le Portugal, la Russie et la Suède.
Au cours de la conférence qui s’est déroulée du 15 novembre 1884 au 26 février 1885 à Berlin, aucun peuple, ni chef africain n’a été convié. Le partage du continent africain sans les africains par des occidentaux. Les nombreuses discussions menées au cours de cette conférence qui s’est tenue en 10 séances à l’aide d’une carte de l’Afrique réalisée par un géographe allemand se faisaient dans la plus grande discrétion. Au cœur des débats : la liberté de navigation sur les fleuves Congo et Niger, la liberté de commerce dans le bassin du Congo, la définition de règles pour des occupations futures sur les côtes africaines.
Au bout de plusieurs mois de discussion, la conférence se solde par la prise de plusieurs décisions importantes qui vont servir de fondation aux puissances européennes pour la prochaine étape de cette quête : la colonisation.
La gestion de l’État indépendant du Congo, quatre-vingts fois plus grand que la Belgique, va incomber à Léopold II et devenir, en 1908, le Congo belge.
Chaque puissance européenne ayant pris part à cette conférence a obtenu un territoire. Pour prévenir d’éventuels conflits entre les européens, des règles d’implantation sont établies par les pays occidentaux eux-mêmes. Chaque État doit signer un traité, ensuite faire reconnaître la validité auprès des membres de la conférence, avant d’établir une zone d’influence (c’est-à-dire un espace dont les contours doivent être délimités et sur lesquels la domination politique et économique d’un État européen s’exerce).
Cet événement marque le début des nombreuses expéditions militaires de l’Europe vers l’Afrique à la fin du 19ème siècle, avec pour objectif de soumettre les populations et s’approprier les territoires. Un siècle et demi plus tard, tous les pays africains sont indépendants et la quasi-totalité des frontières tracées par les occidentaux demeurent celles de nombreux pays sur le continent.
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